Papy dans l’au delà

Mon tendre Herbert,
Moi qui pensais naïvement qu’après ta mort je serais débarrassée de toi. Certes, je suis venue à bout de ces 62 années de ramassage de chaussettes sales à côté du panier à linge, mais bon sang, arrêtes dont de posséder tous les objets de cette maison !
Mes chemises sont aussi froissées que ton égo après une réflexion de Jean-Marie, le sol est crasseux comme tes ongles après ta séance quotidienne de bidouillage de moteur et mon café a ton odeur quand on t’a retrouvé dimanche soir dans ton atelier ! Je t’aime Herbert mais maintenant ça suffit !
Tu étais beaucoup plus discret auparavant (ce qui était un défaut de ton vivant). Dès ta sortie du crématorium, tu voulais qu’on ne t’oublie jamais. Te déverser sur la chevelure rousse de Suzanne ! Aujourd’hui elle est aussi grise que le chartreux de Marguerite !
Je n’aime pas du tout quand tu changes de chaîne sans me demander mon avis. Je suis désolée que tu n’aies pas accès aux matchs de rugby là où tu es mais tu ne peux pas te manifester comme ça ! Tout l’électroménager fait des bruits bizarres. Le lave-vaisselle fait “Bip bip bip”. Si tu essaies de communiquer, préfère les mails parce que je ne comprends pas le morse.
Depuis que tu es parti, Isabelle a les mêmes problèmes chez elle. Je commence à me demander si tu allais vraiment au magasin de bricolage le jeudi après midi. Ou bien tu as encore en tête les 100 Francs qu’elle ne nous a jamais rendu et dans ce cas, tu lui fais bien peur.
Comme tu es encore parmi nous, peux tu me dire ce que je dois faire de ta mortelle scie circulaire? Peux-tu aussi dire à Maman qu’elle avait tort sur notre mariage?  Peux-tu dire à Victor Hugo que ses livres sont vraiment très bien? Et à Daniel Balavoine que c’était pas de bol quand même?
Je t’embrasse Herbert, on se retrouve au radio réveil.

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