Essoufflé après une course effrénée dans les bois, il se stoppe net devant le lac. Ce lac qu’il voyait depuis son enfance, dans lequel il se baignait avec son grand-frère, n’est plus le même aujourd’hui. Son eau fraiche et transparente est devenue une masse informe et gluante de goudron noir boursoufflé. Les roseaux courbés par la brise légère du mois de mars ne sont à présent plus que des immenses flammes qui brulent l’herbe asséchée. L’élégante biche de la forêt s’est transformée en horrible monstre arrachant les feuilles mortes dans son énorme gueule remplie de boue grasse qui grouille de vers. La mousse verte et duveteuse accrochée aux arbres majestueux qui entourent ce lac s’est métamorphosé en ronces aiguisées emprisonnant les troncs desséchés.
Tout autour de lui avait changé. Ses actes défigurent tout ce qu’il aime. Il doit pourtant ce soir, retrouver sa mère.